isaac + camden -
treize ansj'accrochais ma main à la sienne, tentant vainement de le faire reculer de quelques pas. Quelques pas qui seraient décisifs, mais qui ne vinrent pas. Il me traîna un peu avant de se retourner, de s'accroupir devant moi et de me prendre dans ses bras.
"Ne t'en fais pas Isaac, je reviens dès que j'ai une permission." je sers mes bras de jeune adolescent autour de ses épaules et laisse tomber quelques larmes, j'avais l'horrible impression qu'il m'abandonnait. Et pour quoi ? Pour se battre, pour aller faire la guerre à des gens qu'il ne connaissait pas, qu'il ne connaîtrait jamais, qu'il se contenterait de tuer.
"Je ne veux pas que tu partes." "Je sais...mais je reviens très vite, je te le promet." je relevais ma tête. C'était rare que Camden et moi parlions ainsi, comme si ce pouvait être la dernière fois que nous nous serrions l'un contre l'autre. Il n'avait jamais été très démonstratif en temps que grand frère. Il veillait sur moi de loin, mais c'est tout. Depuis la mort de maman, il était devenu plus distant avec papa. Et c'est entre autre ce qui l'avait conduit à s'engager dans l'armée. Par esprit de contradiction, pour aller déverser sa haine contre notre père ailleurs qu'à la maison. C'était tout aussi noble que ça pouvait être égoïste. Et lâche. Mais je ne pouvais pas juger, moi-même je n'aurais jamais eu le cran de prendre mes bagages et aller risquer ma vie pour éviter de m'en prendre à ceux que j'aime. Parce que oui, je les aime, tout les deux. Camden et papa. Nous ne sommes que nous trois, il n'y a que nous. Une famille, c'est ce que nous devrions être et c'est ce que nous avons perdu lorsque maman est morte. Je ravale ma fierté mal placé d'adolescent en pleine croissance lorsque Camden vient sécher quelques larmes sur mes joues.
"Au revoir Isaac." je déglutis
"Au revoir Camden." et il se relève avant de partir. Lorsque je me retourne, c'est face au visage déconfit de mon père que je fais face. Il me pousse, se précipite dans l'allée et tente de retenir son fils, son aîné, la perle de sa femme défunte. Je le vois échouer et lorsqu'il rentre à la maison, claque la porte, je ne fais qu'entendre le bruit de la voiture sur le gravier. Je ferme les yeux. Camden est parti.
isaac + m.lahey -
seize ansLe bruit de la télévision résonne dans le petit salon à l'allure américaine standard. Tout est figé, tout est identique depuis des années. Seul les photos collés au mur ont évolués. L'on voit Camden à cinq, dix, quinze et vingt ans. Isaac à quelques mois, trois ans et quinze ans. Mais les photos les plus envahissantes présentent une figure féminine souriante ou joueuse. Maman. Elle hante nos murs depuis des années. J'entend le téléphone sonner, mon père décrocher. Je ne fais pas attention au coup de fil jusqu'à ce que j'entende un bruit fracassant dans la cuisine. Je fronce les sourcils, me lève et me dirige vers la dite pièce. Une fois entrée, je manque de trébucher sur des débris d'assiettes et assiste à une scène que j'ai encore du mal à oublier. Tout se brise un par un, les assiettes, les verres, tout. Le visage en colère et perdu de mon père me fait froid dans le dos. Je décide de m'avancer pour le calmer, savoir ce qu'il se passe.
"Papa mais qu'est-ce que..." en entendant ma voix, il se retourne. Et frappe. Je me retrouve la joue contre la table, sonné et ne comprenant rien à ce qui se passe. Il me saisit le col de mon gilet et m'envoie cogner contre le mur tout près. Je me replis sur moi-même.
"C'est ta faute ! Tout est de ta faute !!" il hurle, je tremble.
"Il est mort ! A cause de toi ! C'est de ta faute. Sans toi il ne se serait jamais enrôlé et il ne serait jamais mort !" il vient me chercher, me relève et me crache au visage un
"C'est à cause de toi que Camden est mort !" qui me laisse sans voix. Je ne savais pas alors que cette phrase continuerait de me hanter pendant des années.
isaac + scott -
dix-sept ansJe marche doucement dans cette allée funeste. Je n'ai pas besoin de me dépêcher, je sais qu'il m'attend et de toute évidence il ne bougera pas de sa place, plus maintenant. Je n'ai pas besoin de courir, je n'ai plus besoin de prier pour ne pas avoir l'oeil trop bleu le lendemain. Je n'ai plus de pot brisé à nettoyer, plus de risque lorsque je rentre le soir. Il serait fier de moi, je pense, j'espère. Il me manque. J'avance, doucement. J'ai toujours essayé de réparer son absence, en faisant de mon mieux, en excellant là où je pouvais et en essayant de rattraper mes faiblesse. J'avais fait de lui mon ancre, cette chose qui retient mon humanité lors des soirées de pleine lune. Cette bête en moi, ce venin salvateur de toute cette souffrance. Je ne remercierais jamais assez Derek. Ce soir-là, où je creusais la tombe de Kate Argent, il m'a permis de me relever, dans tout les sens du terme.
J'arrive devant cet amas de terre familier, avec à son apogée, cette pierre tombale que je commençais à bien connaitre. J'enfourne mes mains dans mes poches et reste droit comme un piquet devant les gravures. Je ne m'habituerais jamais à cette vision...Jamais. Je sens ma gorge se serrer, mes poings se fermer dans mes poches et mes yeux me piquer. J'essaie de retenir les larmes qui finissent tout de même par couler, deux fines lignes traîtresses. Mon visage se crispe puis se déforme sous les sanglots. Je n'ai que le croissant de lune pour m'accompagner dans mon deuil. Il n'y a que la mort autour de moi. Ma mère, mon frère, même mon père. Était-ce ma faute ? Peut-être..je n'en sais rien. Je ne veux pas savoir. Mes sanglots, mes gémissement stupide. La douleur, piquante, me rendant tout aussi faible qu'un nourrisson. Aussi grand de taille que je puisse être, elle restera la même et me heurtera de la même façon. Violemment, en traître, par derrière, comme une vieille amie venant reprendre son lot de chair. La douleur, elle ne passera jamais, même au bout d'un moment. Un beau jour je me retrouverait face à une impasse, avec la douleur en face et l'océan derrière. Les saisons passeront que je resterait ainsi, que tout refera surface. Comme maintenant. Comme à cet instant précis où je ne peux plus garder en moi ces larmes et ces sanglots. Ni les mots, ni le temps ne pourra être utile face à cela. Je passerais ma vie à attendre de savoir faire semblant, de pouvoir dire que ça ne me fait plus mal. Sourire, garder ce qu'il faut taire et faire comme avant. Mais pas ce soir.
Un bruit me fait me retourner et c'est face à un visage familier que ma bouche s'ouvre et mon visage tente de se décrisper. Mais je n'ai pas à faire semblant, pas devant lui. Pas devant Scott. Il sait que rien ne remplacera ceux qui partent pour longtemps. Mais il a toujours sa mère. Il ne dit rien, il se contente d'adopter ce regard de compassion qui me fait me sentir mal. Je me retourne vers les trois tombes dont celle plus récente de mon père. Je n'essaie pas de parler. Il n'essaie pas non plus. On a pas besoin de ça, pas après ce que l'on a vécu tout les deux. Il ne fait pas partie de la meute de Derek, moi si. Mais c'est comme si ça n'avait pas d'importance, ça n'en a jamais eu. Scott se rapproche, pose une main sur mon épaule et reste avec moi. Quelques heures. Le temps que je puisse dire adieu à mes parents et mon frère.
| Prénom • Nemo (pour la forme, c'est plus joli.) Pseudo • reckless tears Avatar • daniel SEXY sharman Comment avez-vous connus le forum • par ma choutte, ma puce, ma chérie, ma greenpeace girl à moi. Avis sur le forum • Il roxe. good point !
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FICHE PAR ROMANE